N’en déplaise aux matérialistes de toutes sortes, l’art est l’expression de la part éternelle que nous portons en nous. L’enfant, par sa spontanéité, est l’être le mieux placé pour évoquer cette dimension éternelle. Encore faut-il qu’il prenne le temps d’apprendre les techniques de l’art, qu’il maîtrise son art ! Les dessins d’enfants, tels quels, n’intéressent que les psychiatres.
« Le beau est fait d’un élément éternel, invariable, dont la quantité est excessivement difficile à déterminer, et d’un élément relatif, circonstanciel, qui sera, si l’on veut, tour à tour ou tout ensemble, l’époque, la mode, la morale, la passion. Sans ce second élément, qui est comme l’enveloppe amusante, titillante, apéritive, du divin gâteau, le premier élément serait indigestible, inappréciable, non adapté et non approprié à la nature humaine. Je défie qu’on découvre un échantillon quelconque de beauté qui ne contienne pas ces deux éléments. »
Le peintre de la vie moderne, L’artiste, homme du monde, homme des foules et enfant, Charles Baudelaire
« L’homme de génie a les nerfs solides ; l’enfant les a faibles. Chez l’un, la raison a pris une place considérable ; chez l’autre, la sensibilité occupe presque tout l’être. Mais le génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté, l’enfance douée maintenant, pour s’exprimer, d’organes virils et de l’esprit analytique qui lui permet d’ordonner la somme de matériaux involontairement amassée. C’est à cette curiosité profonde et joyeuse qu’il faut attribuer l’œil fixe et animalement extatique des enfants devant le nouveau, quel qu’il soit, visage ou paysage, lumière, dorure, couleurs, étoffes chatoyantes, enchantement de la beauté embellie par la toilette. »
Le peintre de la vie moderne, L’artiste, homme du monde, homme des foules et enfant, Charles Baudelaire